Les conflits pour le partage des ressources dans les rocheuses méridionales
Conflits à l'échelle locale
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Un projet de pipeline… des conflits entre une zone rurale et une zone urbaine
Les métropoles du Sud-ouest connaissent une croissance démographique et économique sans précédant depuis les dernières décennies. Elles convoitent alors de plus en plus l’eau des zones rurales et envisagent des transferts à grande échelle pour faire face à une demande de plus en plus forte, instaurant des conflits entre le monde urbain et le monde rural. Les aménagements envisagés permettraient de résoudre les problèmes de distance à la ressource.
Pour illustrer ce cas, prenons l’exemple de Las Vegas et du Nevada rural. Depuis les années 2000, le Sud-ouest est sujet à de fortes sécheresses et le lac Mead, principale source d’alimentation en eau de Las Vegas (à hauteur de 90%), est à moitié vide, et son niveau ne cesse de diminuer. Dans une ville où les précipitations ne dépassent guère les 100 mm/an, il faut donc pallier le manque d’eau pour répondre aux besoins.
Un projet de pipeline a été proposé par l’agence de l’eau du Nevada du Sud (SNWA). Cet aménagement permettrait de pomper l’eau souterraine provenant de 5 bassins hydrographiques dans le Nevada de l’est (210 millions de m3/an), à 500 Km au nord de Las Vegas, et de l’acheminer jusqu’à la vallée de Las Vegas.
"Les ruraux l’ont, les urbains le veulent", et l’argent et le pouvoir sont largement du côté des villes, notamment pour Las Vegas qui génère 70% des revenus du Nevada. Dans l’Ouest américain le dicton dit " l’eau coule vers l’argent ".
Le pipeline pomperait principalement dans le Comté White Pine dans les vallées Spring et Snake, où plusieurs dizaines de milliers d’éleveurs y prélèvent de l’eau souterraine pour irriguer leurs terres. Or, l’élevage en ranch et l’agriculture constituent les piliers de l’économie locale d’où leurs inquiétudes et leur désaccord vis-à-vis de ce projet.
D’un autre côté, la ville en veut aussi aux fermiers. En effet, le monde agricole utilise environ 85% de l’eau dans le bassin du Colorado pour l’irrigation. De plus, il est massivement subventionné alors qu’il paie l’eau bien moins chère au m3 que les consommateurs urbains. Les agriculteurs se sont organisés en solides groupes de pression pour maintenir leurs droits d’accès à la ressource.
La directrice du SNWA, P.Mulroy, pour qui cette eau symbolise la clé de l’avenir de sa ville, n’envisage pas de ralentir l’expansion de la ville. Elle considère que jusqu’à présent, toutes les économies ont été réalisées grâce à l’imagination et aux efforts de la ville. En effet, vu la part de consommation de l’agriculture, un gros potentiel est à placer, par exemple en améliorant l'efficience des systèmes d'irrigation.
Toutefois, ces conflits d’usage se transforment parfois en convergences d’intérêts dans le cas des marchés de l’eau. Il s’agit de transactions commerciales entre irrigants (groupes d’agriculteurs) et agences urbaines de l’eau, ces dernières louant temporairement les droits sur l’eau acquis historiquement par les premiers.